Pour la journée mondiale de l'hypersensibilité 2025 nous allons décortiquer le sujet. Cela peut être considéré comme une faiblesse, mais c’est surtout un atout ! Certaines personnes ont une réceptivité émotionnelle, sensorielle ou cognitive particulièrement élevée ; on dit alors qu’elles sont hypersensibles. Ce trait est parfois difficile à comprendre dans notre société. Ces individus hypersensibles perçoivent et réagissent intensément aux sons, lumières, interactions sociales, pensées, émotions, actu, etc.
Cette hypersensibilité entraîne une « hyperconnexion » au monde et à la société, dans leur vie du quotidien, et cela entraîne une perception accrue des détails, une intensité émotionnelle plus grande, mais aussi une susceptibilité à la surcharge sensorielle et émotionnelle.
En France, 30 % de la population est concernée par l'hypersensibilité touchant autant les jeunes que les adultes. Le taux serait similaire à l'échelle mondiale et nationale. De nouvelles études et actualités émergent régulièrement sur ce sujet, et des associations œuvrent pour mieux informer le public. Ce sujet mérite une éducation adaptée pour mieux comprendre et accompagner ces personnes. Cela inclut des discussions dans les sphères éducatives, sociales et politiques.
Mais qu’en dit la science sur ce sujet ? Nous allons nous concentrer particulièrement sur l’étude d’Elaine N. Aron, Arthur Aron et Jadzia Jagiellowicz, qui ont mené, tous les trois, des recherches sur le sujet dans une étude nommée « Sensory Processing Sensitivity: A Review in the Light of the Evolution of Biological Responsivity ». L'étude est scientifiquement robuste, combinant des preuves théoriques et empiriques de différentes disciplines pour étudier le sujet.
Sensory Processing Sensitivity = Hypersensibilité
Tout d’abord, il faut que l’on parle la même langue que nos trois amis pour que l’on puisse se plonger dans leur travail. Le Sensory Processing Sensitivity (SPS pour la suite de l’article) est le terme scientifique proposé par Elaine Aron, tandis qu’hypersensibilité est le terme général qui peut, par abus de langage, désigner d’autres types de sensibilités ou troubles sans distinction précise.
Comme évoqué plus haut, le SPS n’est pas une maladie, et il est caractérisé par trois points essentiels :
- Une profondeur de traitement cognitif des stimuli sensoriels.
- Une réactivité émotionnelle accrue, tant pour les expériences positives que négatives.
- Une tendance à être facilement surchargé par une stimulation excessive.
Ces chercheurs ont exploré divers sujets liés à l’hypersensibilité, notamment ses bases biologiques et ses implications sociales.
Origine
Selon notre groupe de chercheurs, le SPS serait une stratégie évolutive. Une personne étant plus sensible aux stimuli extérieurs tend à adopter une stratégie dite « pause pour observer » lorsqu’elle est confrontée à une situation nouvelle ou complexe. Cela permet une planification approfondie avant d’agir.
L’hypersensibilité permettrait donc de mieux adapter ses réponses aux stimuli de son environnement, ce qui offre un avantage évolutif. Cependant, chaque superpouvoir entraîne son lot de faiblesses. Dans un environnement trop stimulant, le SPS devient très coûteux en énergie cognitive et émotionnelle, ce qui peut être très désavantageux.
Base biologique et génétique
Le régulateur de sérotonine
Pour étayer davantage leur nouvelle réflexion, nos trois scientifiques ont mis en évidence l’origine génétique du SPS.
Pour tout comprendre, je vais vous simplifier au maximum le processus qui se déroule dans notre cerveau.
Le gène SLC6A4 est comme une recette. Cette recette est utilisée par le corps humain pour fabriquer une protéine qui s’appelle « transporteur de sérotonine » (5-HTT). La sérotonine est une substance chimique qui influence l’humeur et les émotions, et ce 5-HTT aide à « recycler » la sérotonine dans le cerveau et donc à la réguler.
Et là intervient un « polymorphisme génétique » nommé 5-HTTLPR. Le nom est terrifiant, mais on s’en fiche. Ce qu’il faut garder en tête, c’est que 5-HTTLPR est un régulateur qui contrôle combien de 5-HTT (celui qui transporte la sérotonine) notre corps fabrique. Et c’est justement ça qui est intéressant :
- Si notre régulateur est « long » (L), alors notre corps en fabrique beaucoup, et la sérotonine est bien régulée.
- À l’inverse, si notre régulateur est « court » (S), alors le corps en produit peu, et la sérotonine est moins bien régulée.
Et c’est ça qui prédispose en partie à l’hypersensibilité. Avec un interrupteur « court », le cerveau a moins de transporteurs pour gérer la sérotonine. Le cerveau est donc plus réactif aux émotions et aux stimuli.
La dopamine
La dopamine joue également un rôle important dans la motivation, la récompense et le traitement des stimuli sensoriels.
En vous épargnant les détails scientifiques, une nouvelle étude a identifié 10 emplacements dans notre ADN qui jouent un rôle clé sur la manière dont la dopamine est utilisée dans le traitement sensoriel et émotionnel. Chaque emplacement peut avoir des variations différentes qui vont avoir un impact sur le traitement des stimuli.
Il est important de noter que ces deux mécanismes ne sont pas nécessairement ensemble. Ils contribuent chacun à leur façon à la sensibilité. L’un peut être présent sans l’autre. Bonne nouvelle, cela n'a pas d'impact non plus sur la santé des individus.
Mesurer l’hypersensibilité
Maintenant qu’on sait le pourquoi et la cause de cette hypersensibilité, comment est-ce qu’on définit le niveau de sensibilité ? Le terme « sensible » est souvent utilisé, mais rarement défini. Du coup, Elaine et Arthur Aron ont développé un test de 27 questions. Ce test est réputé comme étant fiable et permet de situer un individu sur l’échelle HSP (Highly Sensitive Person). Cette échelle permet également de distinguer l’hypersensibilité d’autres troubles émotionnels ou sensoriels.
L’échelle HSP mesure :
- La sensibilité aux stimuli émotionnels, comme « pleurer facilement » ou « ressentir l’amour intensément ».
- La tendance à remarquer des subtilités et à les traiter avec beaucoup d’attention.
- Un déplaisir face à des stimulations intenses, comme le bruit, la lumière ou les situations chaotiques.
Cette nouvelle échelle a permis de mieux comprendre les liens entre la sensibilité et les aspects biologiques, comme les relations avec la gestion de la dopamine et de la sérotonine dans le corps. Elle aide aussi à identifier les individus qui nécessitent des environnements plus calmes.
Comment gérer l’hypersensibilité
L’hypersensibilité peut être un véritable atout mais cela peut aussi être épuisant si l’environnement est stressant ou sur-stimulant.
Quelques bonnes pratiques à mettre en place :
- Apprendre à se connaître : Tout le monde ne réagit pas de la même manière aux stimuli. Certains seront plus sensibles aux émotions, d’autres aux bruits, notamment pour un enfant dans un environnement comme l'école. Une éducation ou une formation à la gestion des émotions et des stimuli pourrait aide à mieux s’adapter. Les Fleurs de Bach proposent une vaste selection de fleurs pour vous aidez à gérer vos émotions. Une fatigue nerveuse peut également aggraver l'hypersensibilité. Complétez votre apport en magnésium pour mieux la combattre.
- Mettre en place des limites : Ne pas hésiter à dire non si vous savez que vous allez vous retrouver dans une situation qui vous met mal à l’aise. Cela est aussi valable pour les enfants, dont la sensibilité nécessite parfois une attention particulière pour mieux gérer les stimuli externes dans le cadre scolaire.
- Aménager votre espace de vie : Que ce soit chez vous ou au travail, faites en sorte d’avoir un lieu de vie agréable et ordonné. Intégrer des éléments de détente, comme des livres, des jeux ou de la musique apaisante, peut rendre votre espace plus agréable.
- Adopter des pratiques apaisantes : Essayez des activités comme le yoga, la méditation, le sport, une promenade quotidienne, une journée de déconnexion, des jeux apaisants, des jeux vidéo, voir un sophrologue. Regarder une vidéo relaxante et se couper de l'actu peut également aider à diminuer le stress. Lire un livre est aussi recommandé.
- Entourez-vous de personnes bienveillantes : Un entourage qui comprend votre sensibilité peut la transformer en force. Partager des moments conviviaux, comme des discussions, du sport ou des jeux est également l’occasion de renforcer les liens et apporter un soutien précieux.
- Consulter un professionnel si nécessaire : Si votre hypersensibilité est trop difficile à gérer, n’hésitez pas à faire appel à un psychologue, à un thérapeute, un sophrologue ou à une association qui s'occupe de la santé émotionnelle, notamment si elle impacte des domaines spécifiques comme l'école ou le travail. Participer à une journée de formation dédiée à l'hypersensibilité peut également être bénéfique.
Pour finir sur une note positive
Si vous êtes hypersensible, cela signifie tout simplement que vous êtes une personne plus affûté pour percevoir et réagir à votre environnement. Ce n’est pas une faiblesse, mais un trait unique qui, lorsqu’il est bien compris, peut devenir une véritable force.
Dans le monde actuel, où l'actualité sur la guerre et les conflits peuvent être sources de stress, il est rare de trouver une bonne nouvelle. Il est donc important de savoir gérer sa sensibilité. Un enfant hypersensible peut également bénéficier d'un soutien adapté. Si vous souhaitez en savoir plus sur votre sensibilité, vous pouvez passer le test HSP en français, adapté pour les enfants et les adultes, basé sur les questions d’Elaine Aron, sur ce lien.
Pour les jeunes, un accompagnement adapté dès le plus jeune âge peut les aider à transformer leur sensibilité en une nouvelle force dans leur vie future. Les associations travaillent également à sensibiliser dans notre culture et nos pratiques sociales et offre la possibilité de faire une formation. Si vous avec besoin d'échanger, en France il existe "l'association des hypersensibles" et il y'en a d'autres à l'échelle nationale. Vous pouvez aussi vous tourner vers les écrits de Saverio Tomasella, notamment son livre : "Ultrasensibles".